Concilier allaitement et travail

Lundi prochain, je devrais reprendre le chemin du travail (rien que de l’écrire, ça pique…). Cette reprise, ça fait déjà un bon mois que j’y pense. Début Juillet, je m’étais dit pendant quelques jours qu’avant de reprendre on tenterais d’introduire quelques biberons de lait artificiel, progressivement sur plusieurs semaines, pour finalement remplacer toutes les tétées de la journée par des biberons, tout en gardant les tétées du matin, du soir et du week-end. Et puis j’ai pleuré. Pleuré de voir mon souhait d’allaitement exclusif jusqu’au 6 mois de l’Héritier s’envoler. Pleuré de peur de voir ma lactation diminuer et d’être contrainte d’arrêter. Pleuré d’imaginer autre chose que mon lait dans le ventre de mon bébé.

J’ai compris que l’alternative de l’allaitement mixte n’étais pas pour moi, que je n’étais pas prête à mettre en jeu ma lactation et que je ne voulais surtout pas couper le lien lacté qui m’unie à mon bébé. Alors j’ai cherché la solution, et j’ai pioché un peu partout tout les conseils que j’ai pu glaner : matériel, organisation, législation, astuces. Je commence la mise en pratique le 22 Août, mais voici comment je compte m’organiser…

Le matériel

Après avoir loué un tire-lait Medela Lactina pendant plusieurs semaines, j’ai sans regret rendu ce veau au loueur. Transporter chaque jour cet ÉNORME tire-lait de la maison au travail et de mon bureau à mon lieu de « tirage » tout en restant discrète était tout à fait impossible. Surtout que la valise de transport du Lactina ressemble à la boite d’un compresseur de chantier, on a fait plus glamour.

Mon sac pour la rentrée

Mon sac pour la rentrée

J’ai donc recontacté le loueur (Grandir Nature) pour changer de partenaire pour mes tirages quotidiens. Sur les gentils conseils de Twitter (coucou Odette) je me suis orientée vers un Mamivac Sensitive et je n’en suis nullement déçue. Mis à part les caractéristiques très intéressantes du tire-lait en lui-même (il me fallait un « bon pompeur » au moins aussi efficace que le Lactina, c’est pourquoi j’ai banni le Calypso de mes recherches), il a le magnifique avantage d’être fourni avec un sac à dos pour le transport et une glacière avec pain de glace.

Ce TL à quand même un gros inconvénient : il est fourni avec des biberons de recueil de 100mL. Et, je veux pas me vanter, mais 100mL c’est vite rempli ! J’ai donc racheté des pots de conservation TeX (Carrefour) qui ont l’avantage de s’adapter directement sur le TL, et de faire 150mL. J’ai aussi 5 pots de conservation Avent, qui font 180mL, au cas où j’ai une production détonante.

En plus de la petite glacière fournie avec le TL, j’ai acheté une autre glacière pour transporter mon lait (celle du TL me servira à autre chose, je t’explique plus loin) et d’autres pains de glace. L’Héritier avait déjà la sienne (achetée avec son sac à langer) pour transporter ses biberons de la maison à celle de nounou.

Organisation

A ce jour, donc sans avoir testé, je pense tirer deux fois dans la journée : une fois vers 11h et une autre vers 14h30, histoire de diviser mon temps loin de l’Héritier en trois plages horaires équivalentes. J’emporterais donc chaque matin mon sac Mamivac et ma glacière avec pains de glace et pots de conservation au travail. Chaque matin, parce que je ne sais pas encore si je ne devrais pas rajouter un tirage le matin ou le soir si je n’arrive pas à produire la quantité souhaitée dans la journée.

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Glacière pour stockage des téterelles entre deux tirages

Comme je n’ai qu’un jeu de téterelles, je devrais réutiliser les même pour le tirage de l’après-midi, mais je n’aurais pas la possibilité de faire la vaisselle entre temps (et j’aurais pas envie je crois). Mais heureusement, le lait maternel a des vertus antiseptiques et les bactéries s’y développent très lentement. Je vais donc mettre mes téterelles au frais entre deux tirages et je ne les laverais qu’une fois rentrée à la maison. Pour cela je vais utiliser la petite glacière du tire-lait, car j’ai peur que si je met mes téterelles au frigo je les oublie quand j’en aurai besoin l’après-midi (tête en l’air forever).

Je laisserai le lait tiré dans les pots de conservation qui s’adaptent sur le TL, vu que j’ai des bouchons qui s’adaptent dessus. L’utiliserais le frigo qui est dans le bureau juste à côté du mien, ce qui me donnera l’occasion de papoter avec la comptable, et récupérerai mon lait du jour chaque soir avant de partir.

Une fois rentrés à la maison commencera le marathon du soir : vaisselle des biberons, transvasement du lait dans les biberons pour le lendemain et mise au frigo, vaisselle des accessoires du tire-lait et des biberons de recueil et préparation du sac du TL.

Le matin avant de partir, il faudra juste préparer la glacière de l’Héritier avec ses biberons. Nounou est briefée pour la conservation (et il y a un petit pense-bête dans la glacière en cas de doute)  et mettra le lait au frigo dès que nous arriveront. En cas de besoin, elle aura aussi à sa disposition du lait congelé, dès fois que le bébé ait une fringale.

Nos glacières, à l'Héritier et moi

Nos glacières, à l’Héritier et moi

Législation

Toutes les mamans d’un bébé de moins d’un an ont le droit à 1 heure par jour pour tirer leur lait ou allaiter leur bébé sur leur lieu de travail (si il y a une crèche dans l’entreprise ou pour aller chez la nounou si elle n’est pas loin). Cette heure n’est pas rémunérée (sauf cas particuliers dans certaines conventions collectives) et est divisible en deux périodes sur la journée. L’employeur doit aussi mettre à disposition un lieu pour tirer son lait à la maman qui en fait la demande, ou doit prévoir un local dédié à l’allaitement si l’entreprise compte plus de 100 femmes.

Je travail dans un milieu très masculin, nous sommes moins d’1% de femme sur mon lieu de travail, je n’ai donc pas de local dédié où tirer mon lait. Mais la direction me doit un lieu où je puisse m’installer. Avant d’en parler avec mes supérieurs, j’avais pensé tirer : dans mon bureau (un open-space ouvert à tout vent) avec un châle – loin d’être la meilleure solution ; dans la salle de réunion – avec le risque de ne pas pouvoir tirer à chaque formation interne, présentation de la société mère, réunion de travail, etc. ; ou dans les archives – sans lumière, sur une chaise tout à fait inconfortable, sans table, et avec le bruit et la chaleur du serveur informatique en prime (non merci).

En demandant à mes supérieurs (ce qui c’est passé bien plus simplement que ce que je m’imaginais, ma demande a très bien été accueillie), ceux-ci ont trouvé la solution de me laisser à disposition un bureau inutilisé. Un de mes collègues est en effet récemment parti et ne sera pas remplacé. Seul inconvénient, ce bureau n’est pas dans mon bâtiment ce qui compromet un peu la discrétion. Mes collègues directs sont au courant bien sur,  mais d’ici peu l’entreprise entière saura ce que je fais de mes pauses et pourquoi je traverse la cour deux fois par jour. Je me prépare déjà aux sobriquets tels que « Marguerite » ou « La Laitière », mais en faisant ce choix j’accepte les regards curieux et les commentaires déplacés.

Ma convention collective ne prévoit pas de payer l’heure autorisée pour tirer son lait. Je vais donc devoir récupérer ce temps : ma pause du midi sera portée à 30 min au lieu d’une heure et la demi-heure de moins à laquelle j’ai droit le vendredi sera désormais travaillée. Pour le reste, je compte me passer des pauses cafés que je faisait habituellement, ou prendre mon café en tirer mon lait, la convivialité en moins.

Petits plus

Tire-lait manuel en dépannage

Tire-lait manuel en dépannage

Le tire-lait que j’utilise étant un électrique, j’ai la grosse angoisse de la panne de courant. Je suis aussi amenée à avoir des rendez-vous en dehors de mon bureau, parfois assez loin du siège. J’ai donc investi dans un petit tire-lait manuel dont je me servirais en dépannage.

Pour pouvoir utiliser ma « pause tirage » comme une vraie pause, je compte aussi investir dans une ou deux brassières mains-libres, pour pouvoir bouquiner en même temps que je tire mon lait. Je prévois aussi un bouquin et un petit encas pour ce moment.

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Voilà pour l’organisation qui sera mise en place à partir de la semaine prochaine. Je ne sais pas si c’est très intéressant de savoir ça si vous n’envisagez pas de tirer au travail, en tout cas moi, ça m’a permis de mettre au clair le déroulement de mes journées à partir de la rentrée et cet article me permettra peut-être de minimiser les oublis.

Je sais que les semaines à venir seront difficiles. Entre le peu de temps passé avec mon bébé et toutes ces nouvelles tâches à faire rentrer dans un planning déjà chargé, je risque d’être sur les rotules. Sans compter le stress de produire assez pour couvrir les besoins de l’Héritier, mais mon stock de lait congelé me rassure un peu sur ce point. Jusqu’à la diversification, mes journées seront en flux (de lait) tendu. A partir du moment où l’Héritier mangera un peu de solide, les quantités journalières de lait pourront baisser et je pourrais souffler un peu plus. Je me prépare donc à 2 mois difficiles… mais j’espère que les tétées-câlins à l’heure de retrouver mon tout petit le soir m’aideront à tenir le rythme.